Cuillère en bois de Séquoia géant (Sequoiadendron giganteum)
C’est vraiment la couleur du bois, ces innombrables nuances de rouge, rose, brun et crème, et son veinage bien marqué qui attirent l’attention. Une cuillère en bois de Séquoia géant est impossible à confondre ! Le bois est facile à sculpter, léger mais suffisamment dense pour obtenir un beau poli et un toucher très doux.
Origine de la branche : C’est grâce à Zara, une chienne Border Collie en promenade sur la commune de Gevrey-Chambertin, que nous avons croisé M. Joliet du Domaine du Clos de la Perrière à Fixin (Bourgogne). Or, sur le domaine, M. Joliet venait de faire tomber un séquoia géant en fin de vie… un vieux monsieur qui devait bien mesurer dans les 30 mètres avec un tronc d’un bon mètre de diamètre. Une occasion rare de récupérer quelques branches de cet arbre qui, à l’origine, est endémique des montagnes de la Sierra Nevada en Californie ! Je remercie particulièrement M. Joliet de m’avoir permis de venir chercher ce bois exceptionnel.
Dans la famille Cupressaceae, je demande…
Cette cuillère en bois de Séquoia géant est la 15e sculptée pour mon défi consistant à tailler autant de cuillères différentes qu’il y a d’essences d’arbres répertoriées dans la flore forestière française.
Le Séquoia géant est un conifère qui appartient à l’ancienne famille Taxodiaceae (classification classique) ou l’actuel famille Cupressaceae (classification phylogénétique). Il est l’unique représentant actuel du genre Sequoiadendron, le Séquoia toujours vert (Sequoia sempervirens) étant pour sa part l’unique représentant du genre sequoia, tout comme le troisième laron de la bande, le Séquoia de Chine (Metasequoia glyptostroboides), est l’unique représentant du genre Metasequoia 😉
Général Sherman, l’arbre à un seul tronc le plus imposant au monde
2150 tonnes de vie !
Le General Sherman Tree est un séquoia géant situé dans le Parc national de Sequoia (Californie, États-Unis). C’est l’arbre à un seul tronc le plus imposant du monde. Son âge est estimé à environ 2 200 ans (mais il n’est pas le plus âgé du parc national). Il mesure 31 mètres de circonférence à la base (soit un diamètre de plus 11 mètres…) ! Enfin, Le General Sherman Tree pèse 2150 tonnes, soit le poids de 15 baleines bleues, qui est le plus gros animal terrestre.
Contrairement à beaucoup de ses voisins, le General Sherman Tree semble avoir été relativement épargné par les incendies. Cette circonstance explique l’incroyable vitalité de ce colosse qui est toujours en forte croissance : il produit chaque année un volume de bois équivalent à un arbre de 30 mètres de haut !
Ce qui est également frappant chez cet arbre, c’est qu’il maintient sa circonférence sur une bonne part de sa hauteur : à 55 mètres du sol, cette circonférence est encore de 13,50 mètres. C’est cet atout qui permet au General Sherman Tree de conserver son titre de champion des séquoias. D’autres séquoias du parc ont parfois une base plus large mais qui s’amincit plus rapidement vers le haut. Autre caractéristique remarquable : les branches les plus basses se situent à près de 40 mètres de hauteur (c’est-à-dire la hauteur d’un immeuble de 12 étages).
Petit histoire des séquoias américains
Dès les années 1850, beaucoup d’entreprises forestières s’installèrent dans la Sierra Nevada et commencèrent à abattre ces géants. Ainsi, entre 1852 et le milieu des années 1950, un tiers de la surface des forêts de séquoias fut coupée. Les plus gros arbres étaient si imposants qu’ils étaient parfois abattus à l’aide d’explosifs. Il faut imaginer l’abattage de ces géants qui, en s’écrasant, se fracassaient sous leur propre poids.
Face à ce désastre, John Muir (écrivain américain, l’un des premiers naturalistes modernes, militant de la protection de la nature) fut le premier à réagir en réclamant la création du Parc national de Yosemite, puis du Parc national de Sequoia (créé en 1890). Aujourd’hui, plus de 90 % des forêts de séquoias sont situées dans des zones protégées.
De Karl Marx au Général Sherman
Officiellement, le General Sherman Tree tient son nom d’un général nordiste qui s’est illustré lors de la Guerre de Sécession (1861-1865). En effet, l’exploration systématique des forêts de séquoias géants s’est déroulée juste après cette guerre, ce qui explique qu’un grand nombre de noms de généraux aient été donnés à ces géants pourtant bien pacifiques. Néanmoins, le premier nom attribué à cet arbre semble être Karl Marx Tree, nom attribué par une association socialiste utopique, la Kawea Colony, qui s’établit près de l’arbre autour de 1880 (photo ci-contre à droite). Au pays du dollar, farouchement anti-communiste, un tel nom n’était pas le bienvenu. Une histoire d’antériorité fut inventée de toute pièce par les autorités pour officialiser la dénomination General Sherman Tree et faire oublier cette épine socialiste en plein cœur de l’Amérique.
Une branche de poids
Zora del Buono [ livre Des arbres et des hommes ] évoque cette épisode avec moultes détails. Elle nous conte également le lien étroit qu’entretiennent les séquoias géants avec les incendies de forêts, essentiels à leur cycle biologique. Elle nous parle également d’un « détail » qui compte. Que se passe t-il quand une branche de séquoia rompt et tombe au sol ? Des heures offertes, seule sous les arbres gigantesques, espérant que l’un deux ne va pas perdre une branche à présent, car la marche à travers la forêt, dans la brume, est plus dangereuse que dans la tempête, ce que l’on oublie volontiers : qui irait imaginer que les branches pourries et imbibées d’humidité puissent tomber depuis des bancs de brume, des branches aussi massives que des arbres ordinaires, comme celle qui repose en morceaux à côté du Général Sherman, monstrueuse avec ses deux mètres de diamètre et ses jadis trente mètres de longueur, celle-là s’est brisée en janvier 2006 ; le bruit de tonnerre qui a raisonné dans la nuit hivernale a dû être gigantesque.
Les séquoias géants remarquables
Les séquoias remarquables en France
Vous trouverez sur le site Sequoias.eu quantité d’informations sur les séquoias, dont le recensement par département des séquoias français (7000 arbres) et le top 10 des plus gros séquoias acclimatés : Actuellement, les quatre plus gros séquoias de France sont celui de Chalus, en Haute-Vienne (photo ci-contre à droite), suivi de celui de Bennevent-l’Abbaye dans la Creuse puis du Château de Belle-Poule (Ponts-de-Cé) en Maine-et-Loire et de Tauves dans le Puy-de-Dôme. Ce sont les seuls à dépasser les onze mètres de circonférence. Quatorze autres arbres dépassent les dix mètres de tour.
George Feterman [ livre Les plus vieux arbres de France ] indique que ces arbres ont été introduits à partir des années 1850, qu’ils ne peuvent vivre en France aussi longtemps que leurs cousins d’Amérique (170 ans) et qu’ils voient bien souvent leur cime se briser et compromettre leur avenir. Dans l’ouvrage Arbres d’exception, les 500 plus beaux arbres de France, il recense 16 séquoias remarquables. Nous en retiendrons deux :
- Le Séquoia géant de Vals-lès-Bains en Ardèche, le plus haut séquoia de France et d’Europe, culminant à 54 mètres, et près de 10 mètres de circonférence (photo ci-contre à gauche) ;
- Le Séquoia géant de Saint-Pierre-de-Bessuejouls dans l’Aveyron, qui n’est ni le plus vieux ni le plus grand (25 mètres), culminant à 54 mètres, mais qui en impose à côté d’une jolie église romane (photo ci-contre à droite) !
Les séquoias remarquables en Suisse
Michel Brunner, dans son livre Arbres géants de Suisse, rappelle que les plus vieux séquoias en Europe ne sont encore que des enfants. Grâce aux travaux de Lukas Wieser, qui étudie la population de séquoias en Suisse, on sait que les séquoias européens se portent bien et grandissent vite. Les plus grands devraient atteindre 70 mètres de hauteur dans les 100 prochaines années. C’est en Suisse que résident la moitié des 20 plus gros séquoias du continent, dont le plus imposant, à Corseaux (photo ci-contre à droite), dans le canton de Vaud, un spécimen de 150 ans et de 13 mètres de circonférence (lien vers un reportage de la TV suisse). C’est un autre séquoia, situé dans un jardin privé près de Lucerne, qui détient le record du plus gros arbre de Suisse.
Les séquoias remarquables en Belgique
D’après le site Sequoias.eu, la Belgique compte plus de 900 séquoias. Le plus gros se trouve à la Closière du Rond-Chêne, un domaine privé à Esneux, en province de Liège. D’après l’auteur du site, c’est un arbre en pleine croissance qui deviendra un jour le plus gros arbre de Belgique. Les plus grands séquoias, en forêt de Soignes, une forêt périurbaine située au sud-est de Bruxelles, dépassent les 45 mètres.
Les séquoias remarquables en Bourgogne
Alain Desbrosse [ livre Les arbres remarquables de Bourgogne ] met en avant deux références de séquoias géants en Bourgogne :
- en Saône-et-Loire, à Villeneuve-en-Montagne, une magnifique allée de séquoias centenaires, hauts de 15 à 20 mètres, le plus gros présentant une circonférence de près de 5 mètres ;
- à Sens, dans l’Yonne, un des premiers séquoias plantés en France atteint une respectable hauteur de plus de 34 mètres pour 6,83 mètres de circonférence.
Dans le Top 20 des plus gros séquoias de France, toujours sur le site sequoias.eu, la Bourgogne est bien représentée avec 3 concurrents, en 11e, 14e et 16e place, tous situés dans le Morvan :
- à Quarré-les-Tombes, dans l’Yonne, 2 séquoias voisins, tous deux à la cime étêtée et foudroyée, mais présentant une circonférence de plus de 10 mètres. Trois autres beaux séquoias sont visibles dans le parc municipal de la commune ;
- à Alligny-en-Morvan, dans la Nièvre, dans le Parc du Château de La Chaux, résident 21 séquoias dont un spécimen isolé de plus de 10 mètres de circonférence (photo ci-contre).
Connaitre et reconnaitre le Séquoia géant
Étymologie
Le nom séquoia a été créé en 1847 par le botaniste autrichien Endlicher qui s’est inspiré du nom d’un célèbre indien cherokee : Sequoyah. Henriette Walter et Pierre Avenas [ livre La majestueuse histoire du nom des arbres ] raconte l’histoire de ce personnage hors du commun. Né d’une mère amérindienne et d’un père blanc américain, le jeune homme apprend l’anglais sur le tard et comprend les avantages que confère l’écriture aux européens. Il se lance alors dans l’élaboration d’un langage graphique adapté à la langue des cherokees : un syllabaire de 86 signes qui sera publié en 1821, adapté par sa communauté en 1825. Wikipedia indique que c’est le premier système d’écriture destiné à transcrire une langue amérindienne, et fait du cherokee la première langue écrite des Indiens d’Amérique du Nord.
Distribution
Le Séquoia géant ne pousse plus à l’état naturel que sur les versants occidentaux de la Sierra Nevada californienne. Cet arbre apprécie les climats humides avec des étés chauds et de la neige en hiver, entre 1 500 et 2 100 mètres d’altitude, en général sur le versant sud des montagnes du nord de la Sierra Nevada et sur le versant nord des montagnes du sud.
Autrefois, les séquoias étaient indigènes en Europe. Avec d’autres arbres, ils ont disparu lors des ultimes glaciations. En Europe, seules quelques espèces d’arbres ont en effet pu franchir les obstacles représentés par les chaînes de montagnes coupant le continent d’Est en Ouest. En Amérique du Nord, les montagnes sont orientées Nord-Sud. Les plantes purent ainsi se replier dans les régions méridionales tempérées, puis reconquérir le terrain perdu avec le réchauffement climatique. Ainsi, la végétation y est aujourd’hui analogue à celle de l’ère préglaciaire et aussi beaucoup plus riche en essences indigènes qu’en Europe.
Identification
Les feuilles sont des aiguilles pointues , persistantes et arrangées en spirale autour de la tige, de couleur vert grisâtre et d’une longueur de 3 à 15 mm. Elles dégagent une odeur d’anis quand on les froisse.
L’écorce, très épaisse et fibreuse, est de couleur rougeâtre. Dépourvue de résine et riche en tanins, elle protège l’arbre du feu.
Les fleurs mâles, situées à l’extrémité des rameaux, sont minuscules et jaunâtres (mars-avril). Les fleurs femelles, ovoïdes, sont érigées au sommet d’une petite tige écailleuse et brillante.
Les fruits se présentent sous forme de cônes ovoïdes de 4 à 7 cm, constitués d’écailles (30 à 50 arrangées en spirale) ayant la forme de losanges aplatis.
Je vous présente sur cette page le Séquoia géant (Sequoiadendron giganteum), mais il existe deux autres espèces dans le monde :
Le Séquoia sempervirent (Sequoia sempervirens)
Présent en Californie, cette espèce détient le record mondial de hauteur, avec un spécimen de 115,50 mètres, Hyperion, dans le Parc national de Redwood (redwood est l’appellation anglaise des séquoias, appellation liée à la couleur de l’écorce).
A découvrir ici en vidéo : reportage Paris Match
Le Metaséquoia glyptostroboides (Metasequoia glyptostroboides)
Une espèce que l’on croyait disparue depuis une centaine de millions d’années, uniquement présente sous forme de fossiles, mais redécouverte en 1941 dans des régions montagneuses reculées en Chine. Ce séquoia de Chine fait partie des conifères exceptionnels qui perdent leur feuillage en hiver (comme le Mélèze). Il est possible de voir des metaséquoias en France, à Paris, d’une part au Jardin des plantes (Jardin alpin), mais aussi rue Watteau, dans le 13e arrondissement. Comme ses arbres perdent leurs aiguilles, ils ont été intégré comme arbre d’alignement.
Le bois du Séquoia géant et ses usages
Que dit la Flore forestière française (je n’ai pas l’édition américaine…) à propos du bois de Séquoia géant ? Bois rouge, léger, utilisable en construction et apprécié en trituration… On peut compléter cette description sommaire par ces informations sur Wikipedia : Le bois, riche en tanins est de couleur rouge assez vive. Sa résistance mécanique est faible mais sa résistance à la dégradation par les champignons et insectes est exceptionnelle, à tel point que les troncs tombés au sol sont souvent détruits lors des incendies et non par les pathogènes.
Les étapes de sculpture de cette cuillère en bois de Séquoia
Pour sculpter cette cuillère en bois, quatre heures de travail ont été nécessaires, en 10 étapes, que j’ai souhaité vous présenter dans le diaporama ci dessous.
Et dans les chutes de bois, une autre cuillère !
Le Séquoia est un trop joli beau pour qu’on puisse se permettre d’en gâcher le moindre morceau. Donc, dans les chutes de la première cuillère, le défi est de sculpter une deuxième cuillère en bois de Séquoia !
bonjour
je dois abattre un tres grand sequoia, en pleine forme, la mort dans l’ame, mais sans autre solution. Je suis en region parisienne.
seriez-vous interesser pour recuperer tout ou partie du bois ? …
merci pour votre retour
cordialement