Cuillère en bois de poirier commun (Pyrus communis)
Un bois parfait pour la sculpture, au toucher doux et chaleureux, avec une belle teinte mate, entre des tons de miel et de brun rouge. Que du bonheur, si ce n’est que cette cuillère en bois de Poirier commun m’a donné du fil à retordre : entre fissures de séchage et trous de vers, il n’a pas été simple de trouver le bon volume.
Mes enfants s’interrogent souvent sur l’usage de toutes ces cuillères… à quoi peuvent-elles bien servir ? Celle-ci, je la verrais bien présenter des amandes pour l’apéritif. Le cuilleron présente un volume généreux, la base large et plate est bien stable, le manche allongé facilite la présentation et la circulation sur la table, de convives en convives. Why not ? J’ai joint à la galerie deux photos de la cuillère nature, sans passage à l’huile de lin.
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Un grand merci à Valérie et Pascal de la Ferme du Planet, à Ouroux, dans le Rhône, pour leur accueil chaleureux et ce partage d’une branche de poirier (entre autres) de leur jardin.
Poiriers remarquables
Poiriers remarquables en France
Georges Feterman [ livre Arbres d’exception, les 500 plus beaux arbres de France ] présente deux poiriers d’exception, tous deux conduits en espalier :
- dans le Parc du château d’Acquigny (Eure), âgé d’environ 150 ans (ci-contre à gauche) ;
- contre un mur de l’abbaye de Valloire (Somme), âgé d’environ 200 ans avec un pied d’une circonférence de 1,50 mètres.
Sur le répertoire Monumentaltrees.com, le plus gros poirier de France est recensé : il s’agit du poirier du château de Vardes, à Neuf-marché en Seine-Maritime. Il présente une circonférence de 6,18 mètres pour un âge estimé à 400 ans (photo à gauche). Cette arbre monumental est présenté en détail sur le site Krapo arboricole : « Une fois sur place, l’émerveillement est total. L’arbre se situe au milieu d’un herbage avec point de vue sur un château du XVIIème siècle, un paysage tout simplement magnifique. »
Poiriers remarquables en Suisse
Michel Brunner [ livre Arbres géants de Suisse ] présente un majestueux Poirier commun (var. Guntershauser) à Kemmental, d’environ 250 ans et d’une circonférence 5,15 mètres. Le tronc se scinde en 3 grosses branches portant un houppier de 20 mètres de largeur.
Poiriers remarquables en Bourgogne
Alain Desbrosse [ livre Les arbres remarquables de Bourgogne – tome 2 ] recense deux individus remarquables, tous deux en Saône-et-Loire :
- un poirier non greffé et de plein vent à Devrouze, d’âge indéterminé, présentant une hauteur de 15 mètres et une circonférence de 2,40 mètres ;
- un poirier non greffé et de plein vent à Saint-Maurice-en-Rivière, d’age indéterminé, présentant une hauteur de 15 mètres et une circonférence de 2,30 mètres.
L’auteur indique que le plus gros poirier connu en France se trouvait dans la Vienne à Mauprevoir, qu’il cotait 4,24 mètres de circonférence en 1924.
A la recherche des origines du poirier
Dans le cadre de mon défi qui consiste à sculpter une cuillère différente dans chaque essence de la flore forestière française j’ai à cœur de ne pas me tromper quand je choisis les branches qui serviront mon défi. L’identification est quelquefois simple, mais aussi quelquefois délicate, notamment en présence de fruitiers comme le poirier, dont on dénombrerait environ 1500 variétés… Je partage avec vous mes recherches pour identifier les uns des autres, ne pas confondre les espèce originelles et les variétés, et retrouver la piste de l’ancêtre commun s’il existe toujours.
Les poiriers appartiennent à la famille des Rosaceae, genre Pyrus, jusque là tout va bien. Linné a reconnu et nommé le Poirier commun, Pyrus communis, l’histoire en témoigne. C’était le seul dont il avait connaissance (heureux homme…). Mais existe-t-il d’autres espèces (naturelles) de poiriers ou seulement des variétés et des hybrides créés par l’homme ? La nomenclature évoluant sans cesse, la question semble a priori épineuse.
La parole aux experts
Il semblerait que l’espèce « officielle », celle décrite par Linné, Pyrus communis L., c’est-à-dire le Poirier commun, soit déjà un hybride.
Michel Brunner [ livre Arbres géants de Suisse ] indique qu’il semblerait que les formes cultivées en Europe sont majoritairement issues du Poirier sauvage (Pyrus pyraster) indigène, du Poirier des neiges (Pyrus nivalis) et de sa sous-espèce, le Poirier à feuille de sauge (var. salvifolia). Concernant le Poirier sauvage, l’auteur indique : cette forme apparait dans les habitats extrêmement secs, où elle se croise assez souvent avec le Poirier de St-Jean, le Prunier mahaleb ou le Nerpun (…) Mais étant donné que le Poirier sauvage ne se distingue guère de poiriers domestiques retournés à la nature, il se peut que la forme sauvage originelle soit déjà éteinte.
Pierre Lieutaghi [ Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux ] pense quant à lui que nos poiriers domestiques ne dérivent pas du Poirier sauvage, mais plutôt de poiriers issus du sud-est de l’Europe, d’Asie mineure et d’Asie occidentale. Pour l’auteur, le Poirier sauvage, indigène d’Europe centrale, ne peut donner que des fruits réservés au pressoir.
La Flore forestière française présente, quant à elle, deux poiriers (dont le Poirier sauvage) comme des sous-espèces du Poirier commun :
- le Poirier sauvage : Pyrus communis L. sous-espèce (subsp.) pyraster, présent dans le sud, ouest et centre de l’Europe ;
- le Poirier à feuilles en cœur : Pyrus communis L. sous-espèce (subsp.) cordata, présent dans le centre et sud-ouest de la France, dans l’extrême ouest de l’Europe.
En fouillant sur le web
J’ai trouvé les références de deux espèces exotiques qui se sont acclimatées de longues dates en France :
- le Poirier à feuilles d’amandier ou Faux-Amandier (Pyrus spinosa), présent dans le sud-est de la France (wikipedia), issu d’Asie mineure et d’Europe méridionale ;
- le Poirier à feuilles de sauge (Pyrus salvifolia), plutôt présent dans le centre et la moitie nord de l’hexagone, et issu lui aussi d’Asie mineure et d’Europe méridionale ;
J’ai également trouvé les références d’autres espèces de poiriers, celles-ci bien exotiques, même si certaines se sont acclimatées en France, comme le Nashi ou le Poirier des neiges :
- le Poirier des neiges (Pyrus nivalis), qui pousse naturellement du sud-est de l’Europe jusqu’à l’ouest de l’Asie (wikipedia) ;
- le Poirier à feuilles de saule (Pyrus salicifolia), originaire du Moyen-Orient (wikipedia), plus précisément Crimée, Turquie d’Europe, Caucase ;
- le Poirier de Chine (Pyrus calleryana), originaire de Corée et du Japon (wikipedia) (rapporté en France par un missionnaire venant de Chine…) ;
- le Poirier d’Ussurian (Pyrus ussuriensis), poirier ornemental originaire de Mandchourie (wikipedia) ;
- le Nashi (Pyrus pyrifolia), originaire d’Extrême-Orient (wikipedia) (Nashi est un mot japonais que l’on peut traduire par poire) ;
- le Poirier de Syrie (Pyrus syriaca), la seule espèce de poire qui pousse à l’état sauvage au Liban, en Turquie, en Syrie et en Israël (wikipedia).
Étymologie du Poirier commun
Le nom poirier a été formé à partir du nom du fruit, la poire, lui même issu du latin pirum. Henriette Walter et Pierre Avenas [ livre La majestueuse histoire du nom des arbres ] explique que l’évolution de pirum à poire, du i au oi, est assez classique en français, de même que le latin piscis a évolué vers le mot poisson.
Le y présent dans le nom de genre pyrus est plus énigmatique pour ces auteurs. Cette désignation, que l’on doit à Linné, n’existe pas en latin, et serait la reprise d’une désignation proposée par le botaniste suisse Bauhin : pyr pour pyramidale, la forme de la poire. Communis, pour commun car Linné ne connaissait alors qu’une seule espèce de poirier. Sa culture s’est depuis développée et, par le jeu des sélections et hybridation, un grand nombre de variétés existent aujourd’hui.
Le bois du Poirier commun et ses usages
Que dit la Flore forestière française à propos du Poirier commun ? Bois homogène de coloration rouge saumon assez régulière ; odeur de coumarine quand il est frais ; duramen non distinct en général, avec des taches médullaires ; bois dur à grain très fin, prenant un beau poli, très recherché pour la gravure. Utilisations : tranchage pour placages ; ébénisterie fine, sculpture, objets tournés, tabletterie, instruments de musique, instruments de dessin, manches d’outils ; se teint facilement (imitation de bois exotiques).
Bernard Bertrand indique, dans son ouvrage Le bois, l’outil, le geste… que le poirier se prête admirablement au travail en finesse des petits objets (…) particulièrement recherché par les luthiers pour faire des flûtes (…) Le bois de poirier est très résistant, d’où ses usages pour fabriquer les pièces d’usure de certains rouages (meunerie), des poulies, etc.
Michel Brunner [ livre Arbres géants de Suisse ] indique que le poirier fut un temps commercialisé sous la dénomination de Buis allemand, eu égard à sa dureté et sa densité uniforme, qu’il est apprécié pour la fabrication de moules à beurre, à biscuits et à textile (?), ainsi que pour la fabrication de flûtes à bec.
Pierre Lieutaghi [ Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux ] précise que le bois du poirier est lourd (densité 0,7 – 0,8 selon Mathieu). Il a le défaut de travailler beaucoup avec un retrait important au séchage. Il est donc conseillé de le travailler bien sec. Le poirier prend bien la teinture : dans la cuillère sculptée ci-dessus, on voit bien l’importante différence de teinte entre le bois naturel et celui passé à l’huile de lin. Enfin, le poirier est un bon bois de chauffage, quoique de combustion un peu rapide.