Cette branche d’Érable champêtre provient d’une balade dans le nord de la Côte-d’Or, vers Marcilly-sur-Tille. C’est le deuxième érable de la collection, après l’Érable à feuille d’Obier déjà sculpté. La branche était petite, juste adaptée à cette Cuillère en bois d’Érable champêtre. Il m’a suffit de 3 heures de taille, sculpture et ponçage. Le bois est assez homogène, dense, souple, mais néanmoins nerveux et nécessite de faire attention sous peine d’écharder. Étonnement, alors que le grain est donné pour être très fin, le toucher après ponçage accroche un peu. C’est néanmoins un bois chaud et agréable au toucher.
Cette cuillère en bois d’Érable champêtre est la 34e sculptée pour mon défi consistant à tailler autant de cuillères différentes qu’il y a d’essences d’arbres répertoriées dans la flore forestière française.
L’Érable à feuille d’obier appartient à la famille des Acéracées (aujourd’hui intégrée à la famille des Sapindacées – nouvelle classification phylogénétique) qui comprend environ 200 espèces réparties en 2 genres : Dipteronia (2 espèces, 1 au Sichuan, l’autre au Yunnan) ; Acer, tous les autres. J’ai retenu 8 érables pour le défi :
Jacques Brosse [ livre Les arbres de France, histoires et légendes ] indique que dans la mythologie grec, l’érable était l’arbre de Phobos, le dieu de l’Épouvante. Il était également considéré comme le fils d’Arès, le dieu de la Guerre, et le frère de Deimos, dieu de la Frayeur, son acolyte dans les batailles. Triste famille… Jacques Brosse explique que cette attribution était probablement liée à la couleur rouge sang des feuilles de L’Érable sycomore à l’automne. Ce caractère funeste de l’érable fait qu’il est rarement mentionné dans les textes anciens.
Andrée Corvol [ livre Éloge des arbres ] précise que chez les paysans on n’aimait guère d’avantage l’érable : les rameaux de « l’arbre qui rougit » auraient écœuré jusqu’aux vampires. Sous la dénomination de vampires, il s’agit en fait des chauve-souris que l’on présumait fréquenter les poulaillers pour y gober les œufs et saigner les volailles.
Jacques Brosse indique également qu’en Alsace et en Allemagne, les cigognes placeraient des rameaux d’érables dans leur nid afin d’écarter les chauves-souris censées faire avorter les œufs rien qu’en les touchant !
L’arbre n’est même pas « sauvé » par son bois, peu estimé car non durable et souffrant d’un retrait moyen. Le retrait est le phénomène selon lequel les dimensions d’une pièce de bois varient avec son taux d’humidité… un « défaut » peu apprécié des ébénistes et menuisiers.
L’érable champêtre est donné pour ne vivre guère plus de 120-150 ans, ce pourquoi je n’ai trouvé qu’une seule référence à cet érable dans les différents ouvrages de ma bibliothèque. Michel Brunner [ livre Arbres géants de Suisse ] présente un individu situé à Gebensdorf, âgé de 200 ans, avec un tronc de 4,60 mètres de circonférence. Il indique que la Suisse recèle une demi-douzaine d’érables champêtre d’une circonférence d’au moins 3,30 mètres, et qu’a vécu en Basse-Saxe un érable d’une circonférence de 5 mètres (mesure à 2 mètres de hauteur).
Le site Arbres monumentaux [ visiter cette page ] recense les érables champêtre remarquables :
Alain Desbrosse [ livre Les arbres remarquables de Bourgogne tome 1, page 280] présente un érable remarquable à Courson-les-Carrières dans l’Yonne. L’arbre mesure 20 mètres avec une circonférence d’1,80 mètres, des mensurations peu banales pour la Bourgogne. L’auteur explique cette particularité par une localisation favorable : La profondeur des sols accumulés dans ce fond de vallon où cicule probablement une nappe phréatique en profondeur et indique que d’autres arbres remarquables sont visibles à proximité : charmes et chênes.
D’après Jacques Brosse, [ livre Les arbres de France, histoires et légendes], le nom latin de l’érable, Acer, signifie pointu, ce que sont les feuilles de certaines espèces. Acer a donné l’adjectif acéré en français : pointu, coupant, fin. Jacques Brosse indique : Érable est la transposition du latin du VIe-VIIe siècle acerabulus, composé d’acer et du latin abolo, qui désignait le sorbier et le pommier.
L’Érable champêtre porte plusieurs noms vernaculaires : Acéraille, Azéraille, Auzerolle, Bois chaud, Petit érable, mais aussi Bois de poule !
En effet, les rameaux des jeunes arbres présentent souvent une écorce liégeuse particulièrement côtelée, isolante, cannelée et apte à faire des perchoirs pour les gallinacées pondeuses d’où le nom populaire de Bois de poule.
Il est commun dans toute l’Europe depuis le sud de la Suède. C’est le seul érable indigène du sud de l’Angleterre et il est naturalisé en Irlande (Wikipedia).
L’Érable champêtre est un arbre pouvant atteindre 10 mètres – quelques sujets ont atteint les 20 mètres – à écorce gris pâle, fissurée, à petites feuilles caduques simples à plusieurs lobes arrondis, à fleurs verdâtres apparaissant avant les feuilles. Les fruits sont des samares doubles (disamares) à ailes horizontales.
Dans la présentation de l’Érable à feuille d’Obier, vous trouverez un diaporama présentant les feuilles et disamares des 6 principaux érables en France.
La Flore forestière française décrit ainsi le bois de l’Érable champêtre : Bois blanc crème ou roussâtre, à grain très fin, très esthétique, homogène, dur. Nombreux usages : objets ménagers, manches d’outils, petits meubles, placages, tournerie, brosses de luxe, articles de bureau, marqueterie, lutherie. Bois noueux des racines autrefois utilisé pour la fabrication de tabatières et de pipes. Bon combustible.
Michel Brunner [ livre Arbres géants de Suisse ] indique qu’en Allemagne l’Érable champêtre est également appelé Massholder, ce qui provient du vieux saxon mat qui signifie repas. En effet, les branches de l’Érable champêtre étaient autrefois élaguées afin que les jeunes pousses, qui contiennent une sève laiteuse, nourrissent le bétail. On faisait même une sorte de choucroute à partir de ses jeunes feuilles fermentées.
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