Platane commun

Platanus x acerifolia

Cuillère en bois de platane - Spood

Cuillère en bois de Platane commun

Le Platane me rappelle le Lierre grimpant, un bois clair, homogène, peu nerveux, à la fibre courte. Un bois très agréable à sculpter, rassurant, mais également dense : il faut mettre de la pression sur le couteau pour l’entamer ! Ces bois permettent de sculpter des cuillères fines sans risque de casse. Le poli est très doux, très chaud, presque velouté. On retrouve sur cette cuillère en bois de platane la maillure caractéristique de ce bois, ce joli veinage qui l’habille si bien.

Dans la famille Platanaceae, je demande...

Cette cuillère en bois de Platane commun est la 29e sculptée pour mon défi consistant à tailler autant de cuillères différentes qu’il y a d’essences d’arbres répertoriées dans la flore forestière française.

La famille botanique des Platanacées comprend une dizaine d’espèces du genre Platanus.

Dans le cadre du défi, je dois encore trouver une de ces espèces, le Platane d’Orient (Platanus orientalis).

Platane, de l’Orient à l’Occident

Platane et Cheval de Troie

La mythologie et la symbolique

La mythologie et la symbolique du Platane commun (croisement entre le Platane d’Occident et le Platane d’Orient) sont rattachées au Platane d’Orient.

Le Platane d’Orient vient d’Asie occidentale, où il croit en montagne et est cultivé depuis fort longtemps. Les grecs, qui estimaient son ombrage et sa longévité, en plantèrent beaucoup. Les romains héritèrent de cette prédilection et l’introduisirent en Italie en 390 avant JC. Puis sa diffusion fut plus lente et le Platane d’Orient n’atteint l’Angleterre qu’en 1561. En 1636, le Platane d’Occident arriva également en Angleterre et concurrença le premier : il était plus grand et plus massif (jusqu’à 50 mètres au lieu de 30). Mais c’est l’hybride de ces 2 espèces qui s’implanta définitivement en Europe car il héritait de leurs qualités respectives, sans compter qu’il résistait mieux au gel et à la pollution, ainsi qu’aux élagages répétés.

La migration du Platane de l’Orient vers l’Occident commença en Lydie (centre-ouest de la Turquie actuelle), au VIe siècle avant Jésus Christ. Le Platane d’Orient fut jadis l’arbre sacré de ce royaume. L’empire Lydien succomba aux Perses voisins qui allèrent ensuite mener des expéditions contre les grecs… Il semble néanmoins que les grecs accueillirent le platane via la Crète, île qui vénérait l’arbre comme appartenant à la Grande Déesse (Terre Mère ou Gaïa), car sa feuille en forme de main est la manifestation de la présence divine. En Crète vit une variété endémique extrêmement rare à feuilles persistantes (Platanus orientalis var. Cretica). Seulement une trentaine d’exemplaires ont été localisés de façon sporadique, à basse altitude et uniquement en Crète (en savoir plus).

Le cheval de Troie, un cheval en bois de platane !

Dans la mythologie grecque, le platane est un symbole de la régénération (l’écorce se régénère, par plaques, comme la peau du serpent). C’est également un arbre oraculaire qui, comme le raconte Jacques Brosse [ livre Les arbres de France, histoires et légende ] permit de prédire la chute de Troie. Le platane est présent à de nombreuses reprise dans le récit des guerres de Troie : par la prédiction, par le cheval de Troie, construit en platane, par la pendaison d’Hélène, fille de Zeus, dont l’enlèvement par les Troyens est le prétexte des hostilités. Le platane sacré des grecs était dédié à Hélène dendriis (des arbres), et c’est encore sous un platane dans l’île de Rhodes que celle-ci sera pendu…

Le caducée des médecins, attribut du dieu grec guérisseur Asclepios, est une baguette de platane ailée autour de laquelle s’enroulent deux serpents (en référence à la mue annuelle de son écorce semblable à celle de la peau de l’animal). Le médecin grec Hippocrate, quant à lui, il y a 2500 ans, exerçait son office sous le platane du temple d’Asclepios situé sur l’île de Kos (voir ci-dessous le paragraphe Platanes remarquables).

Le platane en photo dans la bannière ci-dessus est le Platane de Chamarande : Le Platane de Chamarande – Arbres remarquables dans le Domaine départemental (ndlr : parc paysager d’une centaine d’hectares et son château du 17e siècle, propriété du Conseil Général de l’Essonne) est l’un des doyens du parc. Il est le plus massif et c’est aussi celui qui occupe le plus d’espace au sol grâce à son marcottage impressionnant. C’est un arbre à croissance rapide et malgré sa taille et son port imposant, il ne serait âgé que de 120 à 150 ans. D’autres arbres remarquables, vénérables ou simplement admirables sont visibles le long du parcours de visite : Hêtre pourpre, Séquoias, Cyprès chauve de Louisiane…

Platane commun : les arbres remarquables

Le plus vieux platane serait L’arbre d’Hippocrate (source : wikipedia), un platane sous lequel, selon la légende, Hippocrate aurait enseigné à ses élèves la médecine. L’arbre, situé sur l’île grecque de Cos, est un Platane d’Orient. Avec un tronc d’une circonférence d’environ 14 m, cet arbre est réputé être le plus grand platane d’Europe. L’arbre actuel n’est âgé que d’environ 500 ans, mais pourrait être un descendant de l’arbre originel qui se trouvait prétendument en cet endroit il y a plus de 2400 ans, à l’époque d’Hippocrate.

Un autre platane très âgé est signalé sur le site Krapo arboricole : il s’agit du Platane d’Orient de Skhtorashen, en République du Haut-Karabagh. Une circonférence de 27 mètres, une hauteur de 54 mètres une surface intérieure de 44 m² pouvant accueillir 100 personnes, une surface de couverture de 1400 m², et un âge estimé à 2000 ans. De quoi donner le tournis.

Platanes remarquables en France

Les platanes remarquables sont nombreux en France. Georges Feterman [ livre Les plus vieux arbres de France]  plusieurs platanes multiséculaires. J’ai retenu le Platane oriental du château de Kinnor à Fervaques (14) ainsi décrit : Voici l’un des plus gros platanes (14 mètres de circonférence) et probablement l’un des plus vieux, puisqu’il aurait été planté en 1597 (…) La base conique de son tronc et les nombreuses excroissances (ou broussins) qu’il porte ajoute une note original à ce monument naturel (…). La photo mise en illustration plus bas provient du site Krapo arboricole. Sur ce site vous trouverez la présentation de nombreuses platanes remarquables.

Voici quelques autres références de platanes remarquables en France :

  1. Platane de Strasbourg (Bas-Rhin) : Situé dans le quartier de la Petite France à Strasbourg, ce platane est célèbre pour ses dimensions impressionnantes et son âge. Planté en 1704 sous le règne de Louis XIV, il est un symbole historique et touristique de la ville (source).

  2. Platanes de Plaine d’Argenson (Deux-Sèvres) : Deux platanes tricentenaires situés dans les Deux-Sèvres ont été labellisés « Arbres remarquables de France » en 2018. Ils sont entourés de sites historiques comme le tumulus de Péré et l’église Saint-André (source).

  3. Platanes de L’Aigle (Normandie) : Situés dans le square Eugène Pasquis à L’Aigle en Normandie, ces platanes tricentenaires ont reçu le label « Arbres remarquables de France » en 2016. Ils font partie du patrimoine naturel et culturel de la ville (source).

  4. Platane du Jardin des Plantes (Paris) : Planté en 1785 par Buffon à Paris, ce platane a reçu le label « Arbre Remarquable » en 2001. Il est l’un des plus anciens spécimens du Jardin des Plantes (source).

  5. Platane de la place Saint-Nicolas (Meuse) : Situé à Damvillers, ce platane est connu pour son houppier impressionnant de 25 à 30 mètres d’envergure et sa circonférence de tronc de 5,97 mètres (source).

  6. Platane de la place du Palais (Oise) : Planté en 1797 à Beauvais, ce platane de 33 mètres a été classé « monument naturel » en 1932. La place a été piétonnisée en 2014 pour protéger cet arbre remarquable (source).

Platanes remarquables en Bourgogne

En Bourgogne, le plus gros platane est celui de Cézy dans l’Yonne, c’est l’un des plus gros de France avec une hauteur de 45 mètres et une circonférence de près de 10,50 mètres (photo ci-contre). Il serait âgé d’environ 300 ans. Alain Desbrosse [ livre Les arbres remarquables de Bourgogne – tome 1 ], le présente ainsi : Cet arbre atteint la dimension des platanes les plus gros connus dans l’aire d’origine de l’espèce (…) Son exceptionnelle vitalité s’explique par les bonnes conditions stationnelles qui lui ont permis de profiter du sol enrichi par les crues de l’Yonne et de sa nappe phréatique pendant les sécheresses estivales. Il a été labellisé « Arbre remarquable de France » en 2018 après six ans de procédure (source).

Platane commun : connaissance et reconnaissance

Le Platane commun ou Platane à feuilles d’érable (Platanus × hispanica) est une espèce hybride d’arbres de la famille des Platanaceae. C’est un hybride entre le Platane d’Occident (Platanus occidentalis, d’Amérique du Nord, le long des bassins des fleuves, du Texas jusqu’à la région des Grands Lacs au Canada) et le platane d’Orient (Platanus orientalis, de l’ouest de l’Asie, du sud-est de l’Europe).

Le Platane était présent en Europe au Crétacé, mais il disparu à l’ère glaciaire. Le Platane d’Occident (peu courant en Europe) et le Platane d’Orient (planté par les Romains en Italie, vers l’an 390 av. J.C.) ont été introduits en Angleterre et hybridés vers 1650, dans les jardins botaniques d’Oxford, pour donner le Platane commun, le plus courant en France.

Le Platane commun est un arbre à feuilles caduques pouvant atteindre des hauteurs impressionnantes, souvent entre 20 et 30 mètres, avec un tronc robuste et une écorce caractéristique qui se desquame en plaques, révélant des teintes variées allant du gris au brun.

Ses feuilles sont grandes, palmées, avec des lobes profonds, et prennent de belles couleurs automnales avant de tomber. Ses feuilles découpées en 5 lobes très pointus, eux-mêmes subdivisés, évoquent une main ouverte. D’ailleurs, platane vient du grec platanos, issu de platus, « large et plat », qui évoque la main, la paume.

Les fleurs, discrètes, apparaissent en petites boules rondes et donnent naissance à des fruits sphériques regroupés en boules pendantes.

Le Platane a une écorce caractéristique qui se fissure en écailles, des plaques brun-rouge ou verdâtres, dégageant des zones lisses et jaunâtres.

Les fruits sont des petits akènes entourés d’un duvet qui facilite la dissémination par le vent. Ils sont groupés en boules ou glomérules.

Platane commun : le bois et ses usages

Que dit la Flore forestière française à propos du platane ? Que c’est un bois homogène ressemblant beaucoup à celui du Hêtre, mais avec une maillure (ndlr : aspect donné par les rayons ligneux sur une section radiale d’une pièce de bois) plus abondante, rougeâtre à brun rougeâtre clair, sans duramen distinct.

Le bois de Platane commun est réputé pour sa dureté, sa densité et sa résistance, ce qui en fait un matériau de choix pour de nombreuses applications. 

  • Dureté et densité : Le bois de platane est très dur, avec une densité moyenne de 650 kg/m³. Cette densité lui confère une excellente résistance aux chocs et à l’usure.
  • Texture et grain : Le bois présente un grain fin et régulier, avec des fibres droites. Sa texture lisse et homogène le rend facile à travailler et à finir.
  • Couleur : La couleur du bois de platane varie du brun clair au brun rougeâtre, avec des veines plus foncées qui ajoutent du caractère. Au fil du temps, le bois peut prendre une patine agréable.
  • Durabilité : Bien que le bois de platane soit résistant, il est moyennement durable face aux agents de dégradation biologique comme les champignons et les insectes. Un traitement approprié peut améliorer sa durabilité.
  • Utilisations : chauffage (qualité équivalente au bois de hêtre), billots de boucherie, lutherie, menuiserie, ébénisterie, charpente, construction navale, etc. On l’utilise aussi en tranchage, pour les placages décoratifs et la marqueterie. Bois idéal en tournage pour les manches d’outils. C’est un bois très résistant, idéal pour les plans de travail. Il résiste mieux que le bois de hêtre à l’humidité, mais il est facilement attaqué par les insectes.

Cet usage en merranderie est pratiqué en France dans les régions viticoles où le chêne est rare, mais surtout d’usage courant en Italie : la propriété qu’il a de conserver toujours son volume égal, sans se gonfler ni se resserrer, le rend surtout très propre à conserver toutes sortes de liqueurs ; il laisse moins évaporer leur partie spiritueuse que le bois de chêne ou de sapin (Dutour, 1803, Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle, cité par Lieutaghi). Eliane Astier et Bernard Bertrand précisent que les romains utilisaient le bois du châtaignier en association avec la vigne, à la fois pour les échalas et pour les douelles ou douves de tonneaux, c’est-à-dire les planches assemblées qui constituent le tonneau, planches taillées dans les merrains. Le bois transmet ses tanins au vin et participe à sa maturation et au développement de ses arômes.