L’Alisier de Fontainebleau étant rare en Côte-d’Or, il m’a fallu dénicher un pied mort (photo ci-contre) pour ne pas porter atteinte aux rares peuplements du département. Le prix à payer pour pouvoir sculpter une cuillère en bois d’Alisier de Fontainebleau est donc de devoir composer avec toutes les petites bêtes qui ont mangé le bois avant moi ! Exercice délicat, voire impossible, car il reste encore des traces du passage de cette microfaune qui, comme moi, se passionne pour la sculpture. Le pied se trouvait entouré de ses congénères bien vivants et bien portants à proximité de la Roche Aigüe sur la commune de Saulx-le-Duc (Côte-d’Or).
Cette cuillère en bois d’Alisier de Fontainebleau est la 37e sculptée pour mon défi consistant à tailler autant de cuillères différentes qu’il y a d’essences d’arbres répertoriées dans la flore forestière française.
Parmi les proches parents de l’Alisier torminal, au sein du genre Sorbus, j’ai déjà récupéré ou sculpté :
Mais il me reste encore à trouver deux autres espèces :
Le site Monumentaltrees présente moins d’une dizaine d’alisiers de Fontainebleau remarquables, situés en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas :
Alain Desbrosse [ livre Les arbres remarquables de Bourgogne – Tome 2 ], présente deux stations en Côte-d’Or. Celle de Saulx-le-Duc, d’où provient cette cuillère, ainsi que la station de Corcelles-les-Monts, toujours en Côte-d’Or, qui héberge un bel alisier âgé de 120 ans, de 20 mètres de hauteur pour un diamètre de 60 centimètres. L’auteur précise que l’Alisier de Fontainebleau fait partie des 4 espèces d’arbres protégés en Bourgogne, avec le Merisier à grappes, l’érable de Montpellier et le Saule rampant. Cet alisier est également protégé à l’échelle nationale (suivant l’Arrêté du 20 janvier 1982).
L’Alisier de Fontainebleau est également nommé Sorbier à grandes feuilles et Élorsier. Le nom alisier dérive de alise, le nom des baies de l’arbre. Sorbus vient du latin Sorbere, boire bruyamment. L’adjectif latin latifolia doit signifier large feuille…
Petit arbre généralement considéré comme une espèce hybride dite fixée, croisement de l’Alisier torminal (Sorbus torminalis) et de l’Alisier blanc (Sorbus aria). Son écologie est proche de celle de ces deux espèces.Il serait facile à confondre d’un autre hybride (instable) entre S. torminalis et S. aria : Sorbus x confusa. La page Wikipedia indique une autre source de confusion possible : il peut être confondu avec l’alisier de Suède qui est fréquemment planté dans les parcs, les jardins et le long des rues. Les feuilles de l’alisier de Suède sont plus blanches en dessous, avec des lobes plus arrondis et plus réguliers le long du limbe, et des nervures moins serrées, tandis que ses fruits sont plus rouges.
Les critères d’identification de l’Alisier de Fontainebleau, par rapport aux deux autres alisiers (blanc et torminal) sont :
A l’exception du dernier, ces critères sont clairement identifiables sur les illustrations de la Flore forestière française reproduits ci-dessus.
Wikipedia indique : L’Alisier de Fontainebleau est une espèce rare et disséminée dans les massifs forestiers, endémique du bassin parisien et qui est protégée au niveau national en France (…) Sa forte concentration sur une partie du Plateau d’Avron a d’ailleurs justifié la protection de cette zone grâce à un Arrêté de Protection de Biotope, sous le nom du Biotope des Alisiers. Pierre Lieutaghi [ Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux ] donne la répartition suivante : croit dans les forêts des environs de Paris à la Lorraine, toujours rare et disséminé ; signalé dans les Vosges, l’Yonne, la Nièvre.
Sur le blog Les Abbesses de Gagny-Chelles, une belle station protégée (ZNIEFF) est présentée : la carrière du Beauzet est la plus grande station de cet arbre en dehors de la forêt de Fontainebleau (…) Bien plus que l’Alisier torminal, Cet arbre est très exigeant au niveau de la nature des sols : marnes, gypses ou calcaire de Brie dans l’Est Parisien, grès à Fontainebleau, ces sols sont très minéraux, plutôt secs et sans humus. Les jeunes plants n’apparaissent qu’en plein soleil au sein des pelouses et des broussailles.
Greg Clouzeau, du site FontaineBleau Passion, émet une hypothèse différente quant à la nature hybride de l’Alisier de Fontainebleau. Loin d’être cantonnée à cette fameuse forêt proche de Paris, il se pourrait, selon lui, que c’est une espèce à part entière présente du Portugal à l’Allemagne et serait même plus présente que ces parents ! A priori, les discussions sur cet espèce ne datent pas d’hier, l’auteur évoquant des discussions animant le site Tela Botanica dès 2001. Le site du Conservatoire botanique national du Bassin parisien indique : Espèce endémique de l’ouest de l’Europe, essentiellement de l’Allemagne du sud et du sud de la Belgique à l’Espagne et au Portugal (disséminée et rare dans le nord, surtout Pyrénées et monts Cantabriques !).
Que dit la Flore forestière française à propos de l’alisier ? Que c’est un bois très homogène, dense à très dense, dur, à aubier jaunâtre à blanc rougeâtre virant au brun-noir à l’air et à la lumière (…) bois se travaillant bien, prenant un beau poli, stable une fois mis en service ; bois très apprécié, ressemblant à celui du poirier, résistant aux frottements, utilisé autrefois en pièces de machines, navettes, ris, dents d’engrenage, rouleaux, pièces de pressoir, quilles, robinets peignes et merrains pour eaux de vie blanches.
Le livre cite divers usages actuels (lutherie, queue de billard, ébénisterie, tabletterie, crosses de fusils, bois de sculpture…) et indique que c’est aussi un très bon bois de feu ; excellent charbon de bois.
Les alises de l’Alisier de Fontainebleau (également nommées alosses), comme celles de l’Alisier blanc et de l’Alisier torminal, sont comestibles mais amères et astringentes à l’état cru. Elles perdent néanmoins de leur âpreté après les premières gelées, comme les sorbes, et deviennent mangeables crues lorsqu’elles sont blettes. Néanmoins, elles restent fades et farineuses, moins goûteuses que les sorbes, et ne se prêtent réellement qu’à la confection de gelées ou de confitures, si possible en complément d’un autre fruit plus savoureux (pommes ou cynorrhodons par exemple). Pascal Gérold, dans son livre Les arbres nourriciers, précise que les pépins (à l’instar de ceux de nombreux arbres de la famille des Rosacées) ne doivent pas être ingérés car ils contiennent de l’acide cyanhydrique. Les alises font cependant d’excellentes confitures, gelées et compotes. Pascal Gérold partage ses astuces pour le ramassage des alises :
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